« Avez-vous un ruisseau dans votre cœur ? » de la Compagnie Sotto Voce / Clémence Laboureau
Maison à partager • novembre 2023

Dans le cadre du dispositif Maison à partager et en parallèle du cycle De l'art de glaner, imaginé avec Mathieu Bauer et Sylvain Cartigny, la Maison des métallos accueille la Compagnie Sotto Voce / Clémence Laboureau durant le mois de novembre pour lui permettre de penser son projet, Avez-vous un ruisseau dans votre cœur ?, dans un environnement stimulant et propice à la création.

« Si je lis un livre et que mon corps est si froid qu’aucun feu ne peut me réchauffer, je sais que c’est de la poésie. Si je me sens physiquement comme si ma tête avait été dégoupillée, je sais que c'est de la poésie ». – Emily Dickinson 


Avez-vous un ruisseau dans votre cœur ? est un portrait électrique, tissant poèmes chantés, récits et musiques, inspiré de l'œuvre et la vie d'Emily Dickinson, figure assoiffée et incandescente, dont la vie fut tout autant mystérieuse et iconoclaste que sa poésie.


Un concert théâtral donc, avec en fil rouge une fiction, en adresse directe au public, afin d’incarner les poèmes d'Emily Dickinson dans un récit aux résonances contemporaines.


Un concert fictionné & théâtral


D'abord un premier poème, chanté a cappella, dans un clair-obscur : "Mes bouquets sont pour les captifs". Premier chant à nu,  comme un gospel qui ranime les ancêtres et les voix disparues. Comme un rituel qui convoque l’Histoire, petite et grande, intime et collective. 

Puis le chant se fait parole, récit.

Nous avons travaillé avec l'autrice Elsa Roseau à une biographie transposée de la vie d'Emily Dickinson. Comme en musique : presque la même mélodie, mais à un degré différent qui en change la couleur. 

De son écriture imagée et cadencée, dotée d'une rythmique très musicale et d'un certain flow, Elsa  Roseau a tissé  une fiction  où il  sera question des jours heureux de l'enfance où l'on guette tapi.e dans l'herbe les insectes ; des jours tremblants où l'on sent poindre l'amour et son amertume, l'ivresse du monde et son désenchantement ; des jours lucides de la maturité où l'on apprend à discerner dans la pénombre ce qu'il y reste de lumière.


"Avez-vous un ruisseau dans votre cœur ?" est le récit d'une émancipation, d'une fugue en musique. L'échappée d'une femme qui casse l'idéal féminin et poétique, s'affranchit des schémas de vie et des rimes préconçues, s'émancipe par le retour à la nature et à l'écriture. Interrogeant par là la place de la femme et de l'artiste dans notre société. 

Et sonnant l'appel à prendre son indépendance et risquer son bonheur. 


Un portrait en musique(s)


La langue d'Emily Dickinson sonne : l'anglais, d'abord, qui frappe et swingue. Sa prosodie, ensuite : sèche,  dynamique, nerveuse.

L'envie de faire entendre sa poésie et le moyen d'y parvenir sont  évidents : en faire des chansons. Certains de ses poèmes, en plus d'être des bijoux de sens, sonnent comme des tubes. Au tempérament parfois mélancolique, parfois fiévreux, parfois fantaisiste. La tonalité folk, rock ou jazz de certains poèmes est évidente. 

Le geste d'écriture appelait un geste musical en réponse, ainsi qu'une nouvelle traduction en français pour faire entendre la modernité de sa pensée et de son style. 

Compositions originales, les chansons seront les nouvelles étoffes musicales de ces poésies. La musique reflétera le cheminement intérieur et poétique d'une vie faite d'expérimentations esthétiques et artistiques, via une écriture poétique qui se délivre de plus en plus des codes et références pour s'affirmer à contre-courant : plus brute, ayant l'audace d'un imaginaire et d'un univers hors-normes. Ainsi la  berceuse folk laissera la place aux notes bleues, la  ballade nostalgique se densifiera et  s'aventurera vers des nuances plus jazz et expérimentales. Un itinéraire musical qui égrènera en dernières notes un fado électro lumineux, modulant du mineur au majeur, pour chanter que toute peine trouve sa paix.


La musique sera le fil rouge sensible de notre spectacle. Le tissage sonore, sensoriel et immersif, accompagnera le récit, soit en reflet, en contraste, en appui ou décalage, cartographie du voyage. La diffusion se fera sur 2 plans, pour donner une sensation serrée ou panoramique, afin de contraster les différents plans narratifs et sonores.


  • Clémence Laboureau / Cie SOTTO VOCE

    Après un double cursus universitaire en Lettres Modernes et Littérature Comparée Anglophone, Clémence Laboureau se forme en art dramatique au sein de différents conservatoires.

    Parallèlement (après une formation en piano classique / chant lyrique), elle se forme en jazz, où elle travaille sa voix surtout en improvisation, parmi les soufflants.

    De formation littéraire, théâtrale et musicale (d'abord disjointes), elle aime à travailler maintenant, tout à tour, en tant que comédienne-chanteuse ou dramaturge, dans des créations qui malaxent dans leur dramaturgie théâtre et musique.


    Attachée à défendre un théâtre contemporain de nos problématiques sociales, elle a joué dans Ogres de Yann Verburgh, mis en scène par Eugen Jebeleanu (Théâtre Ouvert, CNES-La Chartreuse, tournée FATP, Théâtre de Vanves, Théâtre Joliette, Comédie de Caen, Comédie de Béthune...), spectacle qui dresse un état de lieux de l’homophobie dans le monde ; dans L'Atome de et mis en scène par Julien Avril (Théâtre Liberté Toulon, TDB..), théâtre-documentaire sur le nucléaire. Elle joue ensuite dans La nuit porte caleçon de et mis en scène par Hakim Bah (Studio-Théâtre de Vitry, Théâtre 95), fiction autour du football-business et des violences policières ; dans Presqu'îlles de Sarah Pèpe, mis en scène par Louise Dudek (DSN- Dieppe, Théâtre de l’Étincelle-Rouen...), cabaret sur la féminisation de la langue française ; dans Itinéraires de Yann Verburgh, mise en scène d’Eugen Jebeleanu (Théâtre de la Ville-Bucarest, Comédie de Valence, Théâtre Gallia-Saintes, Maison de la Culture - Amiens, Les Célestins, Domaine d'O...), théâtre-performance sur la jeunesse européenne et ses frontières.


    Elle accompagne ensuite le chorégraphe Faizal Zeghoudi sur sa création On n'a jamais vu une danseuse étoile noire à l'Opéra de Paris, conférence dansée sur le racisme, en tant que collaboratrice, comédienne et chanteuse (Le Glob - Bordeaux, L'Atrium - Dax, Les Cigales – Luxey…).


    Puis elle crée avec Sandrine Anglade, Jingle, de Violaine Schwartz, monologue sur la voix et le chant, avec les musiciens de jazz Théo Ceccaldi, Roberto Negro et Adrien Chennebault (Théâtre Jacques Carat-Cachan, Théâtre des Bergeries - Noisy-le-Sec, Scène Nationale-Sud Aquitaine, Théâtre des Quatre Saisons...).


    Elle joue cette saison dans You don't own me de et mis en scène par Julie Fonroget (Théâtre de l'Echangeur - Bagnolet, Studio-Théâtre de Stains).


    Elle est également membre du collectif À Mots Découverts, qui accompagne les auteurs et autrices durant le processus d'écriture.


    Elle travaille maintenant à la conception de son premier projet personnel, Avez-vous un ruisseau dans votre cœur ?, inspiré de l'oeuvre de la poétesse Emily Dickinson, portée par sa compagnie, Sotto Voce. Dans ce sens, elle intègre le cursus Création et Métiers du son au CRR d'Aubervilliers, spécialité Électroacoustique / MAO.


©Matthieu Edet

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